ENGRAIS CHIMIQUES AZOTÉS. — L'azote est l'élément le plus important et celui
dont le prix est le plus élevé. Toutes les plantes en sont avides à l'exception
des légumineuses, qui ont la faculté d'utiliser l'azote atmosphérique par
l'intermédiaire de microbes particuliers que l'on trouve en abondance dans les
nodosités des racines. C'est pour cela que les légumineuses sont appelées plantes améliorantes, parce qu'elles ont la propriété d'accumuler dans la
terre des quantités importantes de matières azotées. Le lupin et la sarradelle
sont les plantes améliorantes les plus avantageuses. Le trèfle incarnat et la
gesse le sont beaucoup moins.L'azote se présente dans les engrais sous trois états différents :
1e L'azote nitrique dans le nitrate de soude et le nitrate de potasse.
2e L'azote ammoniacal dans le sulfate d'ammoniaque.
3e L'azote organique dans le sang desséché, la viande, les cornailles, les
déchets de laine, etc.
L'azote nitrique est soluble dans l'eau, ainsi que l'azote ammoniacal ; l'azote
organique est généralement insoluble.
Il est démontré que l'azote ne peut être assimilé par les végétaux qu'après
transformation en azote nitrique par les ferments spéciaux du sol. Ceci explique
l'action immédiate du nitrate de soude dans lequel l'azote soluble ne doit être
répandu qu'au printemps, pour activer la végétation : on le recouvre très peu et
d'autant moins que la terre est plus légère, sableuse et pauvre en chaux.
L'azote ammoniacal nitrifie rapidement. Il convient surtout aux terres
fortes et ne doit pas être employé après un chaulage ou un marnage. Dans les
sols calcaires, un engrais azoté organique convient mieux.
Le sulfate d'ammoniaque est très énergiquement retenu par le pouvoir absorbant
de la terre avec laquelle il est recommandable de le mêler intimement plutôt que
de le répandre en couverture dès l'automne.
Les matières organiques doivent subir la nitrification avant d'agir. Le
sang
desséché nitrifie plus vite que les cornailles qu'il faut employer très divisées.
La décomposition des résidus de laine est très lente et il est profitable de les
faire fermenter en tas en les mélangeant aux composts, qui sont confectionnés
avec toute sorte de résidus végétaux et animaux. On forme des tas en stratifiant des couches de terre, de détritus, de chaux.
On entretient une légère humidité par des arrosages avec du purin, des eaux
ménagères.
Grâce à ces différences dans la promptitude avec laquelle les divers engrais
azotés agissent, le cultivateur peut faire un choix judicieux suivant les effets
qu'il désire obtenir. Veut-il obtenir une végétation rapide, donner un «coup de fouet» à des blés chétifs, il utilisera le nitrate de soude et, en
seconde ligne, le sulfate d'ammoniaque exempt de sulfocyanure, poison violent
pour les plantes. S'il désire une action plus lente il s'adressera au sulfate
d'ammoniaque ; enfin, pour obtenir un effet encore plus lent et continu, il
prendra les matières organiques : sang, chair, corne, laine, tourteaux, etc.
Les terres argileuses, froides, nitrifient difficilement, aussi les engrais
pailleux et les cornailles, qui offrent une plus grande résistance à cette
décomposition, y durent plusieurs années. Les terres calcaires et légères
nitrifient au contraire rapidement. Dans les terrains marécageux, la
nitrification est entravée.
Les tourteaux de graines oléagineuses contiennent une faible proportion de potasse et d'acide phosphorique,
mais c'est la teneur en azote qui entre seule en ligne de compte.
Les tourteaux d'arachide, de colza, de sésame donnent de bons résultats
lorsqu'on les emploie avant les semailles dans les sols calcaires et frais.
Résultats médiocres ou défavorables dans les terres fortes et dans les terres
acides qui demandent un apport de calcaire pour nitrifier. Répandre les
tourteaux en poudre à raison de 1500 à 2000 k. et plus à l'hectare suivant la
nature du sol.
Marcs. — Les marcs peuvent être utilisés avantageusement pour la préparation du
bon engrais, comme l'a indiqué M. Roos.
On dispose en tassant légèrement, une couche de marc de 25 centimètres sur
laquelle on répand uniformément 4 à 5 % de phosphates naturels moulus ou de
scories de déphosphoration et 2 % de sulfate de potasse. On arrose avec une eau
contenant par 100 litres : 1 kilog. de chaux vive et 1 k. 5; de sulfate
d'ammoniaque dissous. Ajouter une deuxième couche de marc et ainsi de suite, en
tassant et en arrosant chaque fois. On recouvre le tas d'une couche de 10 à 15
centimètres de terre. Recouper au bout d'un mois et redresser de nouveau. Les
gadoues noires ou fermentées doivent avoir la préférence ; elles donnent un
fumier chaud comme le fumier de cheval. Les gadoues vertes mises en tas,
arrosées de purin et recoupées plusieurs fois, subissent la fermentation qui
leur est nécessaire avant l'emploi.
Guano. — Engrais très actif analogue dans sa composition à la colombine. Il
est le résultat des déjections que de nombreux oiseaux ont déposées pendant des
siècles dans certaines îles et régions de l'Amérique Méridionale.
Cet engrais est comme la colombine, riche en sel alcalin, en phosphate et en
azote.